Esquisse d'un siecle en devenir

« Blocs » contre « Oasis »

Dépassons l’opposition entre un moyen-age cloisonné face à une modernité composée de nations homogènes pour élargir le champs de la réflexion…

Les périodes d’expansion maritime, de peuplement, de conquêtes comme la création des cités grecques tout autour de la Méditerranée au VI siècle avant JC, les croisades ou la colonisation européenne du monde, sont propices à l’émergence de « civilisations oasis » composées d’entités séparées parfois par des milliers de kilomètres.

A l’inverse, les empires-mondes telles la Rome antique, la Chine ou l’Afrique noire constituent d’immenses régions territorialement homogènes, des « civilisations blocs ».

Parfois, des situations intermédiaires apparaissent. Certaines civilisations blocs s’accompagnent d’une constellation dispersée de poussières lointaines qui les accompagnent comme la queue d’une comète et subissent à distance les soubresauts du cœur de l’empire . Ainsi des villes étapes du transsibérien dans la Russie des tsars, des comptoirs musulmans autour de l’océan indien ou des bases américaines aujourd’hui…

En toute logique, les civilisations blocs sont plus communes que les civilisations oasis. Ces dernières naissent d’un processus, d’un mouvement, d’une marche en avant qui peut être la création de colonies de peuplement, l’instauration d’une route commerciale, une conquête militaire sans lendemain… Elles sont, par nature, temporaires.

Souvent les entités dispersées succombent sous la pression d’un environnement hostile. Les cités hellénistiques d’Asie centrale perdue dans les steppes au milieu des nomades, sans lien de communication avec la Grèce, ont perdurés des siècles avant d’être finalement submergées par les sables. Les vikings du Groenland ont été anéanti par des conditions de vie trop rigoureuse et l’hostilité des esquimaux.

Si les entités dispersés triomphent, pensons aux treize états originels fondateurs des USA, aux grecs de Siciles, aux portugais du Brésil, elles éradiquent ou soumettent les populations allogènes et, fondant une nouvelle civilisation bloc, rompent ou distendent les liens avec le centre originel.

Dans les deux cas, la civilisation oasis s’effondre en quelques décennies.

L’agonie des civilisations blocs, quand elles ne sont pas victimes d’un choc microbien comme l’Amérique précolombienne, peut prendre plusieurs siècles.